Protéger les stocks de poisson du Canada


Ian Gardner

« Le marché canadien des mollusques, des crustacés et du poisson d’élevage représente environ un milliard de dollars par année », indique Ian Gardner », titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’épidémiologie aquatique de l’University of Prince Edward Island (UPEI). « Cela représente beaucoup de vie aquatique à superviser et à protéger de la maladie. De plus, le marché est en croissance constante, car la demande d’un apport continu d’aliments d’origine marine augmente aussi. »

L’expansion de l’aquaculture — en particulier au Canada, en Europe et en Amérique du Sud — a été associée à la santé des poissons et à des préoccupations environnementales, notamment la prolifération du pou de poisson.

« Selon moi, le contrôle du pou de poisson est actuellement le principal défi de l’aquaculture canadienne du saumon, et cela représentera l’une de nos plus importantes priorités de recherche au cours des sept prochaines années », ajoute le chercheur.

Le pou de poisson est un minuscule parasite d’origine naturelle qui se fixe sur la peau, les nageoires et les branchies du saumon d’élevage ou sauvage. Il se nourrit de la peau de son hôte et cause des lésions qui peuvent nuire au taux de croissance de l’espèce infectée et faire diminuer sa valeur économique. Lorsqu’il s’attaque au saumon d’élevage, le pou de poisson prolifère et, si l’on ne réagit pas, il peut être transféré à des stocks de poisson sauvage.

« Une partie du problème que l’on tente de résoudre est la manière dont on peut favoriser la durabilité des systèmes d’aquaculture tout en assurant un taux de transmission de maladie minimal entre le poisson sauvage et le poisson d’élevage ainsi que des conséquences minimales pour l’environnement, précise M. Gardner. Il existe une grande controverse quant à l’effet que le pou de poisson peut avoir sur le saumon sauvage, en particulier en Colombie-Britannique. »

En collaboration avec ses collègues de l’Atlantic Veterinary College de l’UPEI, le chercheur élabore des stratégies de gestion et d’intervention en partenariat avec l’industrie de l’aquaculture afin de s’assurer que les consommateurs ont accès à des aliments d’origine marine qui sont sains et sécuritaires. Les travaux de M. Gardner orienteront la réglementation des gouvernements fédéral et provinciaux en matière d’élevage du poisson, ce qui contribuera à l’établissement de politiques avisées, précise le chercheur. »

Dans le cadre de son programme de recherche, M. Gardner collaborera beaucoup avec des chercheurs norvégiens également. En effet, il met actuellement sur pied un programme d’échange d’étudiants de doctorat et de niveau postdoctoral avec le Norwegian Veterinary Institute. Selon lui, cela permettra un plus grand partage de connaissances et une perspective plus globale quant aux défis avec lesquels doit composer l’industrie.

« Nous étudierons de nouveaux virus provenant d’endroits comme la Norvège et le Chili – où l’aquaculture est très populaire – et nous concevrons des systèmes de détection précoce et de surveillance afin de protéger le commerce du saumon.

« Ces défis ne disparaîtront pas, ajoute M. Gardner. Si l’on partage les renseignements et que l’on favorise une collaboration internationale, il est plus facile de comprendre les défis en cause. On peut ensuite élaborer des stratégies et des politiques pour faire face à ces défis ou à ceux qui pourraient se présenter à l’avenir. »