Gilles Gerbier
Titulaire de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur l’astrophysique des particules de la Queen’s University
« En tant que titulaire de cette nouvelle chaire, je désire réaliser deux projets particuliers, a t il précisé. Le premier consistera en une vaste expérience visant à détecter la matière noire, entreprise en partenariat avec des chercheurs européens et nord-américains. Le second permettra de mieux comprendre les impacts infiniment petits de particules à l’aide d’un détecteur sphérique gazeux. »
Le premier des deux projets se fondera sur une initiative déjà en cours au SNOLAB : le SuperCDMS qui, au moyen de détecteurs cryogéniques en germanium à la fine pointe de la technologie, vise à trouver des particules de matière noire appelées « particules massives à interaction faible ». Le fait de détecter ces particules pourrait résoudre le problème de la matière noire, et ainsi révolutionner la physique des particules et la cosmologie.
« Comme nous travaillons au SNOLAB, nos expériences sont protégées des événements d'origine cosmique, ce qui réduit les risques d’interférence, a expliqué le chercheur. Pour trouver la matière noire, nous devons refroidir les détecteurs jusqu’à une température extrêmement basse afin de détecter les énergies très faibles produites par la collision des particules de matière noire et le germanium. Plus les expériences sont réalisées profondément sous terre, moins nombreux sont les “parasites” qui imitent les effets de la matière noire. »
M. Gerbier, qui dirigeait auparavant le projet EURECA (European Underground Rare Event Calorimeter Array), espère que l’association future des expériences réalisées dans le cadre des projets SuperCDMS et EURECA permettra de mettre sur pied une installation dont le potentiel physique sera bien supérieur à la moyenne.
Le second des deux projets consistera à mettre au point, à créer et à exploiter un tout nouveau détecteur sphérique gazeux de plusieurs mètres de diamètre. Ce détecteur sera le premier au monde de sa catégorie capable de déceler des impacts infiniment petits de particules de matière noire très légères. En outre, selon M. Gerbier, il pourra servir à « contrôler de façon sécuritaire et efficace les réacteurs nucléaires et les techniques de spectroscopie des neutrons à faible rayonnement et de spectroscopie gamma dans des conditions difficiles ».
« Voilà un nouveau domaine et un nouveau défi technologique auxquels je suis impatient de m’attaquer, a‑t‑il indiqué. Grâce à la chaire d’excellence en recherche du Canada, j’aurai l’occasion d’intéresser et de faire participer un plus grand nombre de personnes à ce type de recherche. »
« Il ne fait aucun doute que l’équipe de recherche de Gilles Gerbier attirera des chercheurs très qualifiés, compte tenu du programme expérimental novateur qu’elle prévoit mener, de la chance de travailler au SNOLAB et de la possibilité de produire des résultats sans précédent », a conclu M. Liss.